Le souvenir de Jacques Cujas à Bourges

Le 4 octobre 1590, Jacques Cujas meurt en son hôtel de Bourges dans sa soixante‑neuvième année. Conformément à ses dispositions testamentaires, amendées le jour même de son décès à deux heures du matin, le jurisconsulte est inhumé dans l’église Saint‑Pierre‑le‑Guillard, sa paroisse. Bien qu’il souhaitât que ce fût, toujours selon son testament olographe, « sans que l’on fasse, ny qu’il y ait aucun convoy, ny autre que le curé et le porte‑croix », Jacques Berriat‑Saint‑Prix relève — à la suite des relations de Jean‑Papire Masson et de Jacques‑Auguste de Thou — que « tous les ordres de la ville, toutes les corporations, les habitans de la contrée assistèrent en foule à ses obsèques. Ceux de ses élèves qui étaient du rang le plus distingué, voulurent se charger du soin de porter eux‑mêmes le corps inanimé de leur maître au champ du repos, et son oraison funèbre y fut publiquement prononcée par un de ses anciens disciples, Claude Maréchal, alors conseiller au parlement de Paris ».

Si Cujas repose désormais dans le caveau de la chapelle Saint‑Denis (chapelle latérale nord de l’église Saint‑Pierre) — appelée depuis « la chapelle (de) Cujas » —, aucun mausolée n’est toutefois installé ; seules deux inscriptions tumulaires sont (vraisemblablement) déposées par deux de ses élèves, Pierre Pithou et J.‑A. de Thou. En 1647, Pierre Gibienf, sieur de La Faye, conseiller au présidial de Bourges et échevin de la ville, fait placer dans la chapelle son portrait en pied ; cependant, la dégradation de ce dernier entraîne son transfert, en 1735, dans la salle des « hommes illustres » de l’hôtel de ville. Entre‑temps, en 1687, de passage dans la capitale du Berry, Pierre‑Daniel Huet, évêque d’Avranches, rencontre quelques docteurs de l’université de Bourges qui lui font visiter l’église Saint‑Pierre. L’ecclésiastique s’étonne que, hormis le portrait de Cujas, « aucune épitaphe, ni aucune inscription, qui pût apprendre à la postérité que les cendres de ce grand personnage reposoient en ce lieu » ne figure dans la chapelle Saint‑Denis. Il se plaint alors auprès des docteurs du « peu de soin qu’ils avoient pris de faire honneur à la mémoire d’un homme qui leur en avait tant fait », et les exhorte « d’ériger quelque monument public, qui fît connoître et son mérite, et leur reconnaissance » (Huetiana, ou Pensées diverses de M. Huet). Bien que l’évêque leur propose, en qualité de docteur aux droits, de contribuer à la dépense, sa recommandation ne semble pas avoir été suivie.

Près de deux siècles plus tard, Henri Aubépin, substitut du procureur au tribunal de Nevers et membre correspondant de l’académie de législation de Toulouse, écrit au secrétaire perpétuel de ladite académie qu’en 1840,

des réparations étant devenues nécessaires au dallage de la chapelle Saint‑Denis, dans l’église Saint‑Pierre‑le‑Guillard, on découvrit sous l’autel les ossements de Cujas. La sollicitude des magistrats municipaux fut alors éveillée ; on songea à réparer enfin l’oubli du passé ; une souscription s’ouvrit dans le but d’élever un monument au grand jurisconsulte, soit sur l’une des places de la ville, soit dans la chapelle St‑Denis ; une commission [présidée par le maire de Bourges, l’avocat Florent Mayet‑Genetry] fut formée [le 18 mars  1844] pour assurer l’exécution de ce projet ; la magistrature,le barreau, l’administration, le clergé, y eurent leurs représentants. Un artiste de la localité offrit son ciseau pour un buste qu’on placerait sous une arcature semi‑gothique au‑dessus du tombeau de Cujas ; un autre fournit le modèle d’une fontaine surmontée de la statue de l’illustre professeur. Les résultats de la souscription n’ayant pas répondu à l’attente de la municipalité, le projet sommeilla plusieurs années. Il se réveilla en 1851, pour avorter presque aussitôt. Les fonds recueillis furent employés au moulage d’un buste qui se trouve encore au musée de la ville de Bourges : œuvre d’une main inhabile, ce buste ne répond ni à la pensée des souscripteurs, ni aux intentions des magistrats municipaux.

Le jurisconsulte n’est toutefois pas complètement oublié : en 1878, à l’occasion de la destruction de l’église des Carmes de Bourges, la place des Carmes est rebaptisée « Place Jacques‑Cujas, Jurisconsulte, 1522‑1590 ». La même année, la ville de Bourges décide de transformer l’« hôtel Cujas » — qu’avait acquis le jurisconsulte en juillet 1585 — en musée du Berry. Pourtant, cent vingt‑cinq ans plus tard, au début du xxie siècle, Roland Narboux souligne, dans L’Encyclopédie de Bourges, que le nom de Cujas est « unanimement connu […] non pas par son enseignement mais par deux éléments qui portent son nom : l’hôtel particulier dans lequel il vécut […] et par le nom donné à une grande place de la ville ».

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Les raisons d’une telle discrétion sur le jurisconsulte — et d’un tel silence à l’endroit de sa tombe — interrogent. Aujourd’hui encore, on parle plus du « Toulousain Cujas » (allusion à sa ville natale) que du « maître berruyer ». Bien qu’il ait peu enseigné à Toulouse, la ville entretient néanmoins son souvenir : en 1850, une statue du jurisconsulte, fondue par Achille Valois, est inaugurée en face de la cour d’appel, place du Salin. L’académie de législation de Toulouse, fondée en 1851 et placée sous l’égide de Cujas (la médaille d’or de l’institution est frappée à son effigie et, quatre ans plus tard, une « Fête de Cujas » est instituée), publie régulièrement dans ses Recueils des études sur le jurisconsulte. À l’occasion du quatrième centenaire de sa naissance, en 1922, Toulouse organise une célébration solennelle : plusieurs discours sont prononcés, dont celui de l’historien du droit Joseph Declareuil.

À Bourges, en revanche, il n’y a rien eu d’équivalent. Certes, les trois professorats berruyers de Cujas (1555‑1557, 1559‑1566 et 1575‑1590) ne se sont pas toujours déroulés sereinement : les rivalités entretenues avec ses collègues — sur fond de différends religieux entre catholiques et calvinistes — ont été parfois vives ; « les divergences scientifiques et méthodologiques recoupaient […] largement les antagonismes personnels », rappelle J.‑L. Thireau (Bourges à la Renaissance…). C’est ce qui explique ses deux départs de la ville avec la volonté de ne plus y revenir : « Je n’en ay non plus d’envie que de m’aller noyer », écrit‑il à Valence au début des années 1570. Néanmoins, Cujas est toujours revenu enseigner à l’université berruyère et sa réputation a attiré de nombreux étudiants de toutes les nations universitaires de France et d’Europe : Saint‑Empire romain germanique (actuelles Allemagne et Autriche), Provinces‑Unies (actuels Pays‑Bas), Écosse, Confédération suisse, Pologne…

Peut‑être qu’à la suite de l’avocat berruyer Jean Chenu qui, dans son Recueil des Antiquités et privileges de la ville de Bourges, stigmatisait les « quelques mutins [qui] luy advancerent ses jours pendant les troubles civils », craignait‑on « que les haines, qui avaient abrégé sa vie, ne vinssent troubler ses cendres ? » (H. Aubépin). Peut‑être faut‑il aussi considérer, comme Louis Raynal, « l’opinion qui se forma sur ses sentiments religieux » et « les révélations de son testament, dépositaire de cette pensée intime [favorable à la Réforme] qu’il avait si long‑temps dissimulée » ? Il est vrai qu’en ce siècle de Réforme et de Contre‑Réforme, le choix d’être enterré en terre catholique ne doit pas être interprété comme une décision univoque…

En outre, le jurisconsulte ne souhaitait pas que sa bibliothèque fût conservée à Bourges : ses dispositions testamentaires en prévoyaient la vente au détail et aux enchères — en veillant à ce que les Jésuites ne s’en portent pas acquéreurs ! Cujas le mentionne expressément : « Mes Livres, qu’ils ne soyent vendus tous ensemble à un, ou plusieurs, mais un livre aprez l’autre, et prix fait, selon ce qui est porté par l’Inventaire que j’en ay fait. Que l’on ne vende nul de mes livres à des Jesuites, et qu’on prenne garde à ceux à qui l’on en vendra, qu’ils ne s’interposent pour lesdits Jesuites. » La bibliothèque — qui comprenait environ deux mille ouvrages et trois cent soixante et onze manuscrits — est dissipée en 1593. De nombreux livres de Cujas ont quitté la ville de Bourges et même la France ; une grande partie arriva en Écosse,à la bibliothèque de Drummond — léguée à l’université d’Édimbourg — et à la bibliothèque de la faculté des avocats d’Édimbourg, fondée par George Mackenzie. Si plusieurs manuscrits sont vendus à des libraires lyonnais, quelques‑uns sont toutefois acquis par des Berruyers : c’est le cas du manuscrit des Basiliques acheté par un certain Joubert, conseiller de la ville, pour la somme (conséquente) de 400 écus ; il le revendit d’ailleurs au président du parlement de Toulouse, Pierre Du Faur de Saint‑Jory, ancien élève de Cujas. Le manuscrit passa ensuite dans la bibliothèque du roi : Charles‑Annibal Fabrot y accéda pour préparer sa traduction des Basiliques en 1647.

Enfin, dans une de ses dernières clauses testamentaires, Cujas demande que les livres XXV, XXVI et XXVII de ses Observations (les Observationes et emendationes) soient délivrés à Pierre Pithou afin de « les faire mettre au net, et vendre à l’imprimeur ». En chargeant son « amy » de publier les trois derniers livres (quatre en réalité) d’une étude qui constitue « dans tous les sens du terme, l’œuvre d’une vie » et qui se trouve être « la plus représentative de l’humanisme juridique de Jacques Cujas » (X. Prévost), le jurisconsulte souhaite (par)achever une édition commencée il y a près de trente‑cinq ans, en 1556 (24 livres sont publiés en 1585). Mais cette disposition — associée à la vente au détail de ses livres — révèle également sa volonté qu’aucun autre ouvrage à partir des notes dont il avait chargé ses livres ne soit édité.

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Si les rapports entre Cujas et sa ville d’adoption furent complexes, il semble néanmoins que l’université berruyère maintînt le souvenir du jurisconsulte et devînt le conservatoire de son œuvre. En 1592, son élève Jean Mercier (père), professeur de droit à l’université de Bourges, consacre à son maître un de ses emblèmes : il y suggère que les Muses ont détruit le tombeau de Cujas car « ses écrits eux‑mêmes enseignent qu’il n’a pas pu mourir » (« scripta vel ipsa docent non potuisse mori »). En effet, comme « les sépulcres [sont] aux morts, ils refusent que soit mort l’homme qui vivra à travers ses discours » (« Ad mortuos sepulchra : mortuum negant, / Per ora qui vivat virum »). Grâce à la réputation du jurisconsulte, la faculté de droit berruyère conserve, après sa mort, une grande audience — spécialement auprès des étudiants du Saint‑Empire. Étienne Pasquier, son élève, relate à ce sujet dans ses Recherches de la France : « J’ay autre-fois appris de trois Allemans, gens d’honneur, qu’en plusieurs Universitez d’Allemagne, lors que ceux qui sont en chaire alleguent Tournebus et Cujas, aussi tost mettent ils la main au bonnet, pour le respect et honneur qu’ils portent à leurs memoires. »

Malgré tout, à l’exception du professorat d’Edmond Mérille — qui occupe la chaire de Cujas à partir de 1612 —, l’enseignement du droit décline peu à peu et, en conséquence, le nombre d’étudiants étrangers diminue sensiblement. Cujas étant « devenu la référence ultime », « plus on s’avançait dans le siècle, plus les professeurs qui ne faisaient plus de recherche se bornaient à reprendre simplement [ses] opinions » (D. Devaux). Le corps de ville se plaignait que les docteurs-régents n’avaient « plus le temps de préparer sérieusement leurs cours car ils préféraient consulter et être juges seigneuriaux ». Le constat illustre d’une certaine façon la rupture moderne entre la théorie et la pratique. Bien que le jurisconsulte ait littéralement excellé dans ses recherches méthodologiques, son œuvre trouve en revanche un écho limité dans la pratique : « s’il a restitué le droit romain dans sa vérité historique, Cujas n’a jamais opéré de synthèse de ses travaux, les privant d’une éventuelle application au droit moderne » (X. Godin). « Paradoxalement, cette complexe excellence s’est révélée à terme l’une des principales limites de la méthode cujacienne, tout du moins telle qu’elle a été figée par ses épigones » (X. Prévost).

De surcroît, le « culte » de Cujas fut tel qu’il a souvent entravé toute nouvelle recherche. C’est ce que dénonça Edmond Mérille lorsqu’il « estimait que l’enseignement suivait trop ses opinions [celles de Cujas] » ; s’il contestait la prépondérance du jurisconsulte, le professeur voulut également « montrer les points où Cujas se contredisait » — ce qui souleva de vives oppositions (D. Devaux). Malgré tout, les Observationes et emendationes ont reçu le commentaire partiel de Mérille et ont été insérés dans les œuvres complètes de Cujas par Fabrot. Quelques élèves de Cujas sont même à l’origine d’innovations. En témoigne l’œuvre d’Antoine Bengy, professeur à l’université de Bourges de 1593 à 1616 : le juriste veille à être plus proche de la pratique en s’appliquant, parfois, à comparer le droit romain au droit coutumier. Ce dernier est placé sur le même plan que le droit romain et les auteurs antiques, et sert à « expliquer le texte en montrant ce que préconisait le droit coutumier sur le point de droit ou la notion abordée » (D. Devaux). Dans un autre domaine, François Broé et son fils Jean Broé (recrutés à Bourges respectivement en 1617 et 1651) ont développé, en s’appuyant sur l’œuvre de Cujas, une « conception esthétique de la pédagogie du Droit » : la jurislittérature. Ils ont, pour ce faire, « résolument littéralisé des exposés de doctrine ou de méthodologie » et ainsi montré « un penchant affirmé pour la mise en valeur de la beauté du Droit », explique A. Teissier-Ensminger dans Bourges à la Renaissance. Déjà, François Broé, élève de Cujas, se démarque des usages humanistes en citant nommément les jurisconsultes du xvie siècle ; mais il y a plus : dans deux dissertations rédigées en 1633 (Analogia iuris ad vestem et Parallela legis et numi) qu’il présente « comme de simples variations pédagogiques, destinées à rendre plus accessibles à ses étudiants les explications un peu elliptiques du grand Cujas », « son traitement narratif et “symbolique” de la matière l’emporte […] beaucoup plus loin que le simple Droit lettré, jusqu’à l’esquisse assez novatrice d’une véritable poétique du Droit ». Son fils va encore plus loin : il défend l’idée que la poésie et le droit présentent « d’exaltantes connexités ». Dans ses écrits (Nuptiae iurisconsulti et philologiae  ; Endymion sive iudicium Apollinis ; Parallela poesis et iurisprudentiae ; Parallela navis et Ecclesiae…), il cherche à établir que « la poétisation du droit fut commandée par, et délibérément indexée sur une dévotieuse imitatio Cujacii ». Ainsi, dans leurs études, les Broé mettent en lumière « la raison pour laquelle l’analogie joue avec élégance un rôle de plaque tournante entre juridicité et littérarité : c’est qu’elle favorise puissamment la commune propension des juristes et des poètes à privilégier, dans leurs représentations du réel, les effets d’évidence et d’immédiateté signifiante » (A. Teissier-Ensminger).

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Lorsqu’au début la Révolution l’université de Bourges est supprimée — à l’instar des autres universités françaises —, le souvenir de Cujas dans la capitale berruyère semble menacé. Depuis le début du xixe siècle, plusieurs tentatives de restauration universitaire sont demeurées infructueuses. Sous le Premier Empire, Poitiers est préférée à Bourges pour la création d’une école de droit. Depuis, c’est essentiellement en dehors de la capitale du Berry que se perpétue le souvenir du jurisconsulte. En 1821, à la veille du troisième centenaire de la naissance de Cujas, le professeur grenoblois J. Berriat-Saint-Prix rédige une Histoire de Cujas qu’il publie avec son Histoire du droit romain. L’étude est traduite en allemand par Ernst Peter Johann Spangenberg et édité en 1822 : Jacob Cujas und seine Zeitgenossen ; elle est dédiée au romaniste allemand Gustav Hugo, pionnier de l’École du droit historique et auteur d’une recherche sur Cujas.

À la fin de la Restauration, le juriste Gilbert-Félix de Grandmaison-y-Bruno adresse à Charles X un plaidoyer intitulé De la splendeur de l’ancienne École de droit de Bourges, et de l’importance de son rétablissement (1829). La figure de Cujas y est exaltée avec emphase : « Au seul nom de Cujas l’admiration se réveille, la reconnaissance s’allume dans tous les cœurs ; il fut la lumière de l’école et le bienfaiteur de la province. Son nom est dans toutes les bouches ; sa gloire est universelle. Cujas fut l’artisan de sa fortune ; son mérite n’en est que plus relevé. » La requête n’aboutit pas. Cependant, bien que sans université, Bourges est néanmoins ressort de cour d’appel : c’est ainsi que le milieu judiciaire maintient timidement le souvenir de Cujas. L’âge d’or de la faculté est rappelé lors de discours de rentrée, tel celui de l’avocat-général Louis Raynal intitulé De l’enseignement du droit dans l’ancienne université de Bourges (1839), ou du substitut du procureur général Armand Bazenerye sur Cujas et l’École de Bourges (1876). Le xxe siècle n’est pas plus éloquent : en 1922, le quatrième centenaire de la naissance de Cujas n’est pas commémoré par la capitale du Berry ; le jurisconsulte n’est qu’indirectement évoqué lors des Journées d’histoire du droit et des institutions organisées par la Société d’histoire du droit les 27 et 28 mai 1949 à Bourges à l’occasion de deux conférences d’historiens italiens, Luigi Palazzini-Finetti et Gianluigi Barni sur l’œuvre d’André Alciat… Dans les années  1960, si Orléans est préférée à Bourges pour la restauration de son université, cependant, une trentaine d’années plus tard, sous l’impulsion du doyen Michel Pertué, historien du droit, une antenne de la faculté de droit, d’économie et de gestion d’Orléans est ouverte dans la capitale du Berry. L’inauguration solennelle a lieu le 16 octobre 1993. Installé à l’origine dans la salle Calvin, le Centre universitaire d’études juridiques (CUEJ) inaugure ses nouveaux bâtiments rue Joyeuse en octobre 1994, puis rejoint en septembre 2009 les locaux de l’ancienne salle d’armes, boulevard Lahitolle. Dans ces deux lieux, l’amphithéâtre est baptisé « Amphithéâtre Jacques Cujas ». La célébration du 550e anniversaire de la fondation de l’université de Bourges en 2013 est l’occasion d’une manifestation organisée par le Conseil général du Cher en juin ; cette commémoration se trouve également associée au vingtième anniversaire de la création du CUEJ en novembre de la même année. Lors de ces journées, le souvenir de Cujas occupe une bonne place. Entre-temps, les 4 et 5 juin 2009, le colloque « Bourges à la Renaissance », organisé par l’historien de la littérature française Stéphan Geonget, est accompagné d’une exposition, à l’hôtel Cujas, sur les jurisconsultes de l’université de Bourges au cours du xvie siècle. Le souvenir de Cujas à Bourges semble à nouveau le corollaire de l’enseignement du droit dans le Berry.

Xavier Godin, professeur d’histoire du droit, université de Nantes.


Indications bibliographiques

Berriat-Saint-Prix Jacques, Histoire du droit romain : suivie de l’histoire de Cujas. Paris : Nêve, 1821.

Devaux Dominique, Recherches sur les maîtres et étudiants en droit à Bourges aux xvie et xviie siècles, soutenue à l’École des chartes, 1986.

—, « Recherches sur les maîtres et étudiants en droit à Bourges aux xvie et xviie siècles », Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion… pour obtenir le diplôme d’archiviste-paléographe. Paris, 1987, p. 71‑76.

Geonget Stéphan (dir.), Bourges à la Renaissance : hommes de lettres, hommes de lois. Paris : Klincksieck, 2011.

Godin Xavier, « Jacques Cujas et la méthode historique », dans Annuaire de droit maritime et océanique, no 36, 2018, p. 573‑594.

Goldman Philippe, « À la recherche de l’université perdue », dans Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Vichy et des environs [Actes du 51e Congrès de la Fédération des Sociétés savantes du Centre de la France, Vichy, 31 mai, 1er et 2 juin 1991], nos 117‑118, 1990, p. 149‑158.

Laverne Jean-Paul, L’Université de Bourges. Son école de droit aux xviie et xviiie siècles. Mémoire soutenu à l’université de Tours, 1973.

Prévost Xavier, Jacques Cujas (1522-1590). Jurisconsulte humaniste. Droz : Genève, 2015.

Raynal Louis (Louis-Hector Chaudru de Raynal), Histoire du Berry : depuis les temps les plus anciens jusqu’en 1789. Bourges : Vermeil, 1844.

Tucker Marie-Claude, Maîtres et étudiants écossais : à la Faculté de droit de l’Université de Bourges. Paris : H. Champion, 2001.

« Jacques Cujas, juriste à Bourges », dans L’Encyclopédie de Bourges (en ligne), 2003.