Jacques Cujas et les arts

Afin de restituer la pluralité des figures de Jacques Cujas, il faut d’abord examiner les témoignages figurés dont il fit l’objet en son temps, multiplier les regards croisés des amis humanistes, des peintres et graveurs, qu’ils soient catholiques ou protestants, en les combinant à l’emblématique personnelle du juriste. Les formules laudatives appliquées à Jacques Cujas sont légion : Magnus, maximus, primus, princeps, coryphæus, aquila, stella jurisconsultorum, sine exemplo, sine dubio maximus, divinus interpres, Themidos ille Mystes elegantissimus, etc. (le grand, le très grand, le premier, le tout premier, le coryphée, l’aigle, l’étoile des jurisconsultes, sans exemple, sans qu’il ne doute jamais, le divin interprète, cet initié des Mystères de Thémis au style si précis, etc.). Un an après sa mort, Scipione Gentili ajoute : « Lorsqu’il s’agit de louer Cujas, il vaut mieux garder le silence, que de s’exposer à en dire trop peu de choses. »

Ces formules qui semblent aller crescendo toute sa vie durant ne sont que les témoins rétrospectifs du rayonnement incontestable dont il a joui, surtout à la faveur du souverain Charles IX qui lui a octroyé un titre exceptionnel, une espèce de sinécure (une charge de conseiller honoraire du parlement de Grenoble sans obligation d’assistance) confirmée par Henri III à son retour de Pologne. Mais ce concert d’éloges est rarement rapporté à l’histoire de ses portraits dans la longue durée et à l’aune des différents supports qui ont matérialisé sa vie illustre (poèmes, estampes, médailles, jetons et peintures) et c’est donc à cette tâche que la présente étude sera consacrée.

Quelle est l’image figurée que ses contemporains donnent de lui ? Entre la physionomie bonhomme et rieuse du portrait anonyme conservée à la bibliothèque de Genève et le visage émacié et grave des portraits que laissent de lui le xviie siècle et les siècles qui suivent, les différences sont manifestes. Comment la généalogie visuelle des images posthumes du grand juriste gomme-t-elle une partie de ses traits ? Réélaboré au xixe siècle comme pater et princeps d’une généalogie de juristes illustres, les images d’Épinal que véhiculent les siècles ultérieurs reproduisent un stéréotype figé qui est largement tributaire d’une création rétrospective (visage sans nulle aspérité, impassible et peu expressif). La physionomie des portraits de Cujas peinte de son vivant est bien différente : nez épaté, sourcils épais, yeux habités.

I. Les avatars de la persona d’un juriste humaniste accompli

De son vivant, Cujas est avant tout connu par la gravure. Il existe une grande quantité de portraits gravés, qui présentent du docteur régent un visage changeant, mais une posture similaire (buste droit, avec ou sans livre à la main). Les portraits gravés le présentent en homme avide de savoir, sans pour autant faire état de sa manière d’étudier étendu « le ventre contre terre, couché sur un tapis, ses livres autour de luy » évoquée dans les Scaligerana prima en 1670. Le Berrichon Catherinot rapporte que Cujas avait l’habitude de se servir d’un exemplaire du Corpus juris civilis glosé de l’édition Fradin (utebatur iuris civilis corpore ex editione Fradini). L’exemplaire personnel de Cujas a été racheté ultérieurement par son ancien élève Antoine Arnauld, connu pour avoir été l’avocat de l’université contre les Jésuites ; cet exemplaire était riche de précieuses annotations du maître.

Les portraits gravés de Cujas le montrent souvent un volume de droit à la main (et un feuillet dans l’autre), marquant par là qu’il s’était d’abord et avant tout voué à l’enseignement. On sait qu’il annotait fréquemment ses manuscrits personnels et ses volumes imprimés. Ces outils de philologie appliquée, il les prêtait bien volontiers à ses amis lettrés.

Les médailles ultérieures (voir la Galerie métallique des grands hommes français), la statue de 1850 par Valois, érigée sur la place de la Monnaie en face de la cour d’honneur du palais de justice de Toulouse et le jeton de présence de l’académie de législation de Toulouse (1851) ont totalement modifié les effigies gravées de son vivant (comme la gravure au burin par Léonard Gaultier, de la série dite Chronologie collée, bibliothèque de Ambroise Firmin-Didot, cabinet des estampes, Paris, BNF). La médaille de 1851 porte l’inscription latine RES SANCTISSIMA CIVILIS SAPIENTIA (C’est une chose très sainte que la science des lois civiles). Seuls subsistent la barbe, la calvitie, le bonnet de docteur, une grande fraise et la toge. Les traits de la physionomie si caractéristique de Cujas (son nez épaté, ses rides au front) ont disparu.

A. Signes vestimentaires et insignes honorifiques

Ce portrait anonyme, sans lieu ni date de Jacques Cujas en buste est orné d’une bordure ovale portant l’inscription latine suivante : IACOBUS CVIACIVS TOLOSAS IURISCONSVLTVS ANNO ÆTATIS SUÆ 67 (Jacques Cujas, jurisconsulte toulousain, à l’âge de 67 ans). Cujas est alors à l’apogée de sa carrière, une année avant sa mort. Plusieurs traits méritent examen : les détails vestimentaires de l’estampe attestent qu’il est devenu le récipiendaire de toute la panoplie des insignes académiques : revêtu d’un pourpoint noir et d’un manteau aux manches à ballon et au col bordé d’hermine, d’un bonnet de docteur spécialement créé pour lui, il est dépeint avec toutes les marques distinctives de son grade. S’il arrive souvent que le bon juge soit figuré sans mains (c’est le motif du juge aux mains coupées, qui garantit que l’individu ne prendra pas de cadeaux), le cadrage de ce portrait ovale ne fait pas voir les mains, car l’accent est d’abord mis sur le visage et les insignes vestimentaires de sa fonction.

B. Physiognomonie de Jacques Cujas

Il faut accorder une attention particulière aux signes physiques qui apparaissent de manière récurrente dans les portraits des humanistes, car leur principe de composition n’est pas réaliste mais symbolique. Un des élèves de Jacques Cujas, Claude Expilly, était gaucher et en même temps très savant juriste. Lorsque Cujas reconnaît l’excellence de son nouveau disciple, il l’appelle du nom latin de scævola, qui signifie littéralement « gaucher » tout en le comparant au nom illustre d’un des plus grands jurisconsultes de Rome. En appelant Expilly « mon Scævola » il transforme un défaut physique en agnomen ex virtute, renouant avec une tradition antique.

Le signe physique peut devenir un gage de bon augure. Dans le cas de Cujas, il faut regarder de près sa physionomie, pour déceler d’éventuels signes physiognomoniques. Le portrait à l’âge de 67 ans, sans lieu ni date, s’inscrit dans un dispositif iconotextuel : « Ecquid tu vita (Cujaci maxime) functus / Crederis ? Hæc vera est frontis imago tuæ / Libri animum referunt, quo nullus purior ante / Te satis ista probant non potuisse mori » (« Ô toi illustre Cujas, te voici donc à la fin de ta vie, le croirais-tu ? Voici la vraie image de ton front. Tes livres reflètent ton esprit, toi que rien de plus pur n’a précédé, ils prouvent assez que tu ne pouvais mourir »). L’épigramme oriente l’interprétation à donner de cette effigie car il désigne les lignes du front, le siège de l’intellect, comme un détail signifiant. Dans le traité de métoposcopie de Jérôme Cardan, les lignes du front sont répertoriées comme modes de lecture du visage : « Les lignes qui sont entièrement droites dénotent une bonne iustice. »

De même que les insignes honorifiques sont visibles à travers les normes vestimentaires, les indices physiognomoniques comportent des paramètres à considérer (éducation, âge, occupation, accidents de la vie s’imbriquent dans une combinatoire qui n’a rien d’automatique). Toutefois la physiognomonie, entendue comme savoir pratique enseigné à l’époque par l’astrologie judiciaire (voir Ian Maclean, Logic, Signs and Nature in the Renaissance), reste avant tout une science conjecturale reposant sur des signes labiles, qui n’a pas de vocation prédictive car la connaissance du futur (c’est-à-dire de la Providence) n’appartient qu’à Dieu.

C. Derniers portraits avant sa mort

Lors du décès de son ami, le président de Thou est profondément affligé par cette mort qu’il juge trop précoce. Cujas, « mort avant le temps », a été vaincu par l’horreur du fanatisme dont il a été le témoin et la victime, brisé par le chagrin que lui causent les cœurs des impies qui déchirent le sein de leur patrie. Quelle fut l’image que les sympathisants de la Réforme véhiculèrent de Cujas, lui qui sut perdurer à travers le tumulte des guerres civiles ? Les Ligueurs lui avaient prêté des sympathies pour les Huguenots et Bourges et Toulouse constituaient, à l’époque de la mort de Cujas, deux foyers ardents de l’opposition à l’avènement d’Henri IV. À la mort du juriste réformé François Baudouin, le 24 octobre 1573, Papire Masson, son élève favori, s’occupe de lui rendre ses derniers devoirs. Masson choisit lui-même l’emplacement du tombeau de Baudouin (dans le cloître des Mathurins) et fait graver sur la pierre tombale une épitaphe où il associe la gloire de Baudouin défunt à celle de Cujas : « Cujaci, Balduinus hic iacet, hoc tecum reputa, et vale, mortuis vobis Jurisprudentiam corripiet gravis sopor » (« Ô Cujas, ci-gît Baudouin, souviens-t’en et porte-toi bien, car vous deux morts, la jurisprudence sera la proie d’un lourd sommeil »).

D. Un tombeau protestant

Né à Toulouse en 1522 d’un père tondeur de draps (« tonsor pannorum »), Jacques Cujas se fait un nom par et pour le droit. Il épouse le 24 mai 1558 Madeleine du Roure, fille d’un médecin juif d’Avignon.

Malgré son extrême prudence, Cujas n’échappe pas à l’accusation d’hétérodoxie ou de nicodémisme. Tout juriste de quelque relief ne peut être que mauvais chrétien, « mal sentant de la foi », car être un bon juriste selon un adage de l’époque signifie d’abord que l’on ne peut se contenter du dogme catholique.

En 1592, son ami de Bourges l’humaniste protestant Jean I Mercier fait paraître un recueil d’emblèmes dont le point d’orgue est la dernière pièce, emblema L, qu’il consacre à la mémoire de son maître Cujas. L’épître dédicatoire est datée de Bourges (Calendes de mai 1592). Cujas est mort en 1590, Mercier est né dans la ville de Bourges et y fut élève de Cujas. Il lui succède comme doyen de la faculté de droit où il était régent depuis 1573. Les vers exposent la façon dont Cujas fut partagé entre jurisprudence et poésie sur son tombeau (« Quid tumulus vivo ? Scripta vel ipsa docent non potuisse mori » que l’on peut traduire ainsi : « Pourquoi ériger un tombeau à un vivant ? les écrits eux-mêmes continuent d’enseigner par-delà la mort »). Comme dans tous les emblèmes du recueil de Mercier, chaque pièce contient deux mottos distincts, au-dessus et en dessous de la gravure sur cuivre, d’une qualité inhabituelle pour des presses situées en province. Jean Mercier, né en 1544 ou 1545 et mort en 1600, a vécu toute sa vie dans sa ville natale de Bourges, de laquelle il devient maire en 1589 et 1590. Ses écrits comportent plusieurs tomes de commentaires juridiques et un épithalame à François II.

La gravure présente le tombeau en proie à trois femmes qui s’échinent à l’anéantir. Le caveau monumental de Cujas (portant l’inscription CVIACII, « à Cujas ») invite le voyageur à méditer sur la destruction d’un monument de pierre pourtant voué à l’éternité. Ce n’est pas par le sépulcre des morts que renaissent les vertus, mais par la parole, par la voix qui éduque : elle seule est immortelle. Cette mise en image du tombeau de Cujas attaqué de toutes parts correspond au sentiment de dégradation du temps présent, au recul des bonnes lettres adossée au droit conquérant, à la suite des dissensions dramatiques provoquées par d’incessants conflits religieux. Cette ultime pièce du recueil de Jean Mercier reprend le canevas des contemptus mundi, prenant ainsi le contrepied de la mielleuse flagornerie qui entoure habituellement les éloges des illustres jurisconsultes. Plutôt que de manier l’excès et l’hyperbole, Mercier propose un emblème qui retrace la force des lettres et la laudatio vitae, car les deux vont ensemble. Cujas n’a nullement besoin d’un tombeau, sa vie même est le meilleur des enseignements.

E. Métamorphoses du nom et ascension sociale

Le nom, siège des arguments (Quintilien, Institution oratoire, V, 10), est le terrain idoine à plusieurs récits de légitimation. Le nom parle, il faut le faire signifier, il n’est pas le point de départ d’une fatalité donnée d’avance : il faut l’interpréter en bonne part, pour se l’approprier et ainsi proclamer l’ambition d’un nouveau destin.

Dans une lettre adressée à Jacques Lect, professeur et syndic de Genève, ambassadeur près de la cour d’Angleterre, Cujas évoque son amitié avec Scaliger (à qui il sauvera la vie pendant la nuit de la Saint-Barthélemy), qu’il désigne sous le nom de M. de la Scala. Scaliger a usurpé le nom des Della Scala de Vérone pour se faire un nom, en créant un logogriphe : « Quo scandas tu, quoque voles, gerit unus et idem. Une seule et même porte de quoi te faire monter et prendre ton envol. Solution : Scaliger, car SCALam et Alas GERere c’est-à-dire porter une échelle [pour gravir l’échelle sociale] et des ailes [pour voler] ».

Selon un usage qui voulait que l’Université, comme le Parlement, anoblisse ses représentants accrédités, Cujas se fait alors appeler « Jacques de Cujas » au moment où il est nommé professeur à l’université de Bourges (1555) ou bien à celle de Valence (1557). Il adopte cette nouvelle dénomination dans une lettre datée du 27 décembre 1561. Cette métonomasie est une stratégie consciente, car il a largement prouvé qu’il appartient à une communauté d’humanistes érudits, pour lesquels le nom de plume devient symbole, seuil et signe d’une nouvelle identité. Il ne s’agit pas là d’un travestissement, mais d’une revendication de noblesse par les armes que sont les lettres. C’est de la même époque que datent les armes données à Cujas indiquées par Claude Ménestrier dans La Nouvelle Méthode raisonnée du blason : « D’azur, à la tour couverte d’argent, mantelée ou chapée de même. »

II. Généalogies visuelles et fabrication d’un destin

Dans les vers qu’il destine au tombeau de Cujas, Antoine Loisel montre que le rayonnement géographique du grand homme ne s’enracine pas seulement dans sa patrie d’origine : « Summe auctor juris, Cujaci, et docta Tolosa /Clara ortu, et Biturix redditur ipsa tuo » (« À Cujas, très glorieux nom du droit, que la docte Toulouse, d’où tu tiens ta naissance illustre, revienne à travers toi tout aussi bien à Bourges »). Le nom de Cujas ne s’enracine pas dans une seule origine (la patrie de sa naissance), son renom dépasse toutes les frontières connues.

A. Statuaire et médailles toulousaines

À l’occasion de la cérémonie de l’inauguration de la statue élevée à Cujas sur la place du palais de justice de Toulouse le 8 décembre 1850, une série de festivités commémoratives est lancée. Dans le De usu et authoritate juris civilis romanorum, Arthur Duck fait de Jacques Cujas : « Tolosæ suæ perpetuum decus et orbis » (« l’ornement perpétuel de sa ville natale, Toulouse »). Cujas est célébré comme ce grand nom qui ne doit jamais mourir, une de ces « rares figures qui sont triées pour l’exemple du monde » (Montaigne, Essais, I, 66).

Ainsi la séance du 2 mai 1855 de l’académie de législation de Toulouse le choisit comme « symbole le plus glorieux de l’importante mission qu’elle venait de se donner », en prolongeant les fils d’une emblématique honorifique qui court depuis le vivant de Cujas lui-même. Quand ses membres font en sorte de graver l’effigie de Cujas sur leurs médailles d’argent et de bronze, ils accompagnent ce geste inaugural d’une ambition scientifique aux prétentions civilisatrices et d’une visée incitative pour que les jeunes légistes poursuivent sur le chemin du zèle et du talent. Malgré les « bornes fort étroites de ses crédits », l’académie accepte de créer une « médaille d’or d’une valeur de 200 francs » au plus méritant des lauréats présentés.

B. Suzanne, la fille débauchée comme contrepoint négatif de la vertu du père

Son unique fils meurt, mais une fille (d’un second mariage) lui survit. De son second mariage avec Gabrielle Hervé, Jacques Cujas eut une fille prénommée Suzanne. Suzanne n’avait vraisemblablement que trois ans au décès de son père. La légende scandaleuse de sa fille indigne, colportée par des adages et par une épigramme qui ne manque pas de sel, serait donc très largement une création posthume. Guy Patin, docteur régent de la faculté de médecine de Paris, mentionne dans sa correspondance que Jacques Cujas a tiré l’horoscope de sa fille à sa naissance en 1587, selon un usage du temps, celui de l’astrologie judiciaire, une discipline qui faisait partie alors des savoirs que pratiquaient communément les juristes et les médecins. D’après plusieurs auteurs qui s’appuient tous sur la Physiognomonie du médecin italien Jérôme Cardan, les astres révélèrent que si c’était un fils, il mourrait dans les mains du bourreau et que si c’était une fille, elle embrasserait la carrière de prostituée. Cet horoscope donne lieu à une épigramme sarcastique sur la demoiselle lubrique, signé par Edmond Mérille : « Viderat immensos Cujaci nata labores / Æternum patri commeruisse decus. / Ingenio haud poterat tam magnum æquare parentem, / Filia, quod potuit corpore fecit opus. » (« La fille de Cujas avait vu que les immenses travaux de son père lui valaient une éternelle gloire. Ne pouvant égaler un si éminent géniteur en intelligence, elle a fait comme elle a pu avec son corps. »)

L’épigramme amuse alors les écoliers de droit, qui, quittant volontiers les leçons du père pour se rendre auprès de sa fille pour la cajoler, appelaient cela « commenter les œuvres de Cujas ». Le mot « œuvre » (du latin opus) a ici le sens de livre et de progéniture. Le sarcasme est également rapporté par Gilles Ménage, qui montre que ce poncif, copie naïve de la Quartilla de Pétrone, fait avant tout de Suzanne Cujas une demoiselle de papier. On admire le bon mot, la belle saillie, et on se moque gentiment du père, géniteur malgré lui d’une débauchée notoire. Cette légende « scandaleuse » est une création rétrospective, une calomnie posthume visant à dynamiter le portrait complaisant du juriste vertueux et sérieux. De l’examen des diverses figures, portraits, statues, médailles et emblèmes de Jacques Cujas, on découvre la mosaïque chatoyante de portraits symboliques aux nombreuses ramifications : l’effigie est le lieu de projection d’une destinée, à travers l’idée que dans nomen, il y a omen. Entre portrait gravé, effigie et imago, la construction progressive de la figure laudative d’un juriste équanime et civilisateur lui échappe largement.

Valérie Hayaert, Eutopia SIF fellow au Center for Criminal Justice, université de Warwick.


Indications bibliographiques

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Duck Arthur, De usu et authoritate juris civilis Romanorum in dominiis principum christianorum libri duo. Londres : Rich. Hodgkinsonne, 1653.

Maclean Ian, Logic, signs and nature in the Renaissance: the case of learned medicine. Cambridge : Cambridge university press, 2002.

Menestrier Claude François, La nouvelle méthode raisonnée du blason pour l’apprendre de manière aisée, réduite en Leçons, par demandes, & et par réponses.. Lyon : Chez Louis Bruyset, 1718.

Mercier Jean, Emblemata. Bourges, 1592.

Normand Louis Marie, Galerie métallique des grands hommes français, collection de cent vingt médailles …. Paris, 1825.

Ronzy Pierre, Papire Masson, 1544-1611: un humaniste italianisant. Thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Paris (1896-1968). Faculté des lettres, 1924.

Scaliger Joseph Juste, Prima Scaligerana: nusquam antehac edita. Utrecht : P. Elzevir, 1670.

Vallier Gustave, « Numismatique du parlement de Grenoble, Jacques Cujas », dans Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, vol. 12, 1878, p. 181-197.