Lorsqu’il se réfère à Cujas dans ses Plaidoyez, l’arrêtiste Claude Expilly (1561-1636) ne manque pas de souligner le lien qui unit le jurisconsulte humaniste à la compagnie judiciaire grenobloise dont il est membre, en le qualifiant de « gloire du parlement de Grenoble ». Pourtant, si le Dauphiné constitue une étape importante dans le parcours de Cujas, ce n’est pas dans sa partie alpine, mais plutôt sur sa frange rhodanienne que le docteur toulousain élit domicile. En effet, au cours des quelque dix années que Cujas passe en Dauphiné, il séjourne principalement à Valence, où se trouve l’université qui loue ses services. Sur le marché des professeurs de droit, l’université valentinoise tente alors de rivaliser avec celle de Bourges, haut lieu de l’humanisme juridique (depuis le professorat d’André Alciat), qui bénéficie du soutien de Marguerite de Valois (sœur du roi Henri II, dont elle a reçu le duché de Berry en décembre 1549). En butte à l’hostilité de certains de ses collègues berruyers (François Le Douaren et Hugues Doneau), Cujas accepte l’offre des Valentinois à la fin de l’année 1557. Il entame alors un premier professorat en Dauphiné, qui dure un peu moins de deux ans. En effet, le décès de François Le Douaren, en 1559, lui ouvre de nouvelles perspectives à Bourges. Cujas revient cependant à l’université de Valence en 1567. Il reste alors près de huit ans en Dauphiné, avant de reprendre la route du Berry en 1575. C’est à la fin de ce second professorat valentinois que Cujas se rend à Grenoble pour y prendre possession de l’office de conseiller au parlement de Dauphiné évoqué par Expilly.
I. Le premier professorat de Cujas à Valence (1557-1559)
La venue de Cujas à Valence est le fruit des démarches des consuls valentinois. En effet, la municipalité cherche à recruter des professeurs renommés pour assurer le succès de l’université. Fondée par le dauphin Louis II (futur roi Louis XI) en 1452, l’université valentinoise est placée sous l’autorité de l’évêque (qui en est chancelier), mais son financement est à la charge du corps de ville. Après avoir connu des débuts modestes, l’université valentinoise prend son essor durant la première moitié du xvie siècle. La faculté de droit attire le plus grand nombre d’étudiants, grâce à la présence de professeurs tels que Philippe Décius (arrivé à Valence en 1513). En 1538, le roi accorde à la ville 1 000 livres à prélever sur le revenu des gabelles du sel de la province pour payer les gages des professeurs. Trois ans plus tard, un chanoine de la cathédrale fonde le premier collège, pour treize étudiants en droit. En 1544, l’évêque de Valence, Jean de Tournon, convainc le professeur toulousain Jean de Coras de rejoindre l’université valentinoise, où il reste quatre ans. En 1554, sont recrutés François Le Douaren (qui reste finalement à Bourges, à la demande de la duchesse Marguerite), puis Antoine de Gouveia. Ce dernier quitte Valence dès 1555 pour rejoindre Grenoble, dont l’université, fondée en 1339, mais tombée en déclin au xve siècle, a été recréée en 1542. C’est donc pour pallier ces défections successives que les consuls de Valence envoient des députés à Paris pour traiter avec Cujas dès qu’ils apprennent que celui-ci a dû prendre ses distances avec l’université berruyère. Leur démarche est appuyée par plusieurs notables dauphinois, dont les fils suivent l’enseignement de Cujas à Bourges (notamment Artus Prunier de Saint-André, trésorier-receveur général du Dauphiné). Le 28 novembre 1557, le professeur accepte une chaire de docteur régent à Valence. Sa rémunération est fixée à 600 livres de gages par an.
À Valence, où il est suivi par plusieurs de ses étudiants (dont Antoine Loisel, Pierre Pithou et François Ragueau), Cujas est accueilli avec beaucoup d’égards. Ses collègues lui cèdent la première chaire, malgré les protestations de son titulaire, Claude Rogier. C’est au cours de ce premier séjour valentinois que Cujas se marie. Il épouse Madeleine du Roure, fille d’un médecin juif de la région, le 22 mars 1558. Outre l’enseignement, Cujas se consacre à la rédaction et à la publication de ses commentaires sur le droit romain (il dédie le quatrième livre de ses Observations et émendations à l’évêque Jean de Monluc). Pierre Pithou soutient sa thèse de doctorat sous la direction de Cujas peu avant que celui-ci quitte Valence (le 29 juin 1559).
Peuplée de 6 000 habitants environ, Valence est une cité épiscopale où le dauphin Louis II aimait à résider et où il a établi le siège d’une sénéchaussée (Valentinois et Diois) située dans le ressort du parlement de Grenoble. La création de l’université, qui est installée dans un bâtiment de la place des Clercs, près de la cathédrale Saint-Apollinaire, y attire précocement libraires et imprimeurs. Lieux de passage, Valence et sa région sont très tôt touchées par les idées nouvelles en matière de religion. Une forte communauté réformée s’y développe à l’époque où Cujas enseigne à l’université. L’université est d’ailleurs un lieu propice à la propagation du protestantisme. Les professeurs, dont plusieurs ont ouvertement pris le parti de la Réforme, acceptent que des assemblées nocturnes se tiennent dans les salles de l’université. Les premiers incidents éclatent en 1557, peu avant l’arrivée de Cujas (à l’occasion d’un jubilé publié par l’évêque Jean de Monluc). À la suite du décès de François Le Douaren (en juin 1559), Cujas est appelé à Bourges par Marguerite de Valois. Il quitte donc Valence à la fin de l’année 1559, alors que les relations entre catholiques et protestants se dégradent. Durant son absence, la première guerre de religion voit Valence prise par le baron des Adrets le 27 avril 1562. Le lieutenant-général La Motte-Gondrin est assassiné ; la cathédrale et les autres lieux de culte sont saccagés par les iconoclastes et pillés par les soudards. Jusqu’à la paix d’Amboise (19 mars 1563), les protestants gouvernent la ville, où ils tiennent une assemblée d’états au début de l’année 1563. Pour rétablir la concorde, Charles IX et Catherine de Médicis entreprennent une vaste tournée dans le royaume, passant par Valence au cours de l’été 1564. L’évêque Monluc, de retour dans sa cité, profite de l’occasion pour obtenir la suppression de l’université de Grenoble et son annexion à celle de Valence.
II. Le second professorat de Cujas à Valence (1567-1575)
Durant la période d’application de l’édit d’Amboise, les catholiques reprennent progressivement le contrôle de la ville, qui devient un bastion défensif du catholicisme au sein d’une région hostile. C’est dans ce contexte troublé que Cujas fait son retour à l’université de Valence. En effet, le conseil de ville décide de solliciter à nouveau le professeur toulousain, qui enseigne alors à Turin (il a été appelé en Piémont par Marguerite de Valois, qui a épousé le duc Emmanuel-Philibert de Savoie à la suite de la paix du Cateau-Cambrésis). Cujas refuse d’abord l’offre des Valentinois, car il a le projet de rejoindre l’université de Bourges. Cependant, la chaire qu’il y occupait ayant été confiée à François Hotman, il finit par accepter la proposition des Dauphinois, appuyée par l’évêque humaniste Monluc. Les Valentinois acceptent toutes les exigences du professeur : 100 écus d’or pour ses frais de voyage, une rémunération annuelle de 1 600 livres et la prise en charge par la ville du loyer d’une maison située dans la rue Saint-Félix.
Cujas arrive à Valence en août 1567. Il se voit aussitôt attribuer la première chaire de droit civil. Mais les activités de l’université sont vite perturbées par le déclenchement de la deuxième guerre de religion. Valence est prise par les protestants à la fin du mois de septembre 1567. Les églises et les monastères sont de nouveau mis à sac. Les cours de l’université sont suspendus. Cujas est souvent sollicité par les autorités municipales, qui doivent faire face aux difficultés créées par la guerre civile (en particulier les charges liées au logement des troupes de passage). Le professeur, qui est invité à plusieurs reprises à siéger au sein du conseil de ville, se montre attentif aux problèmes des Valentinois. Il accepte ainsi de prêter 200 livres à la ville, sans intérêts. En janvier 1568, il est appelé pour arbitrer un différend entre le premier consul et un des notables de la ville. Cependant, face aux tensions croissantes et devant l’impossibilité de reprendre ses activités d’enseignement, Cujas se retire au château de Charmes (situé sur la rive droite du Rhône, en Vivarais, à proximité de Valence). Cette place appartient à Antoine de Crussol, chef protestant, mais partisan de la concorde religieuse. Cujas y reste quelques mois, profitant de cet asile pour se livrer à ses travaux de lecture et d’écriture.
La paix de Longjumeau (23 mars 1568) permettant la reprise des cours, l’enseignement de Cujas attire de nombreux étudiants à Valence, dont plusieurs viennent du Saint-Empire. Mais la troisième guerre civile fait à nouveau peser une menace sur Valence, lorsque l’armée protestante dirigée par Coligny remonte du Languedoc vers la Bourgogne en empruntant la vallée du Rhône. Cujas quitte alors Valence avec sa famille (sa femme et son fils, Jaques, âgé d’une dizaine d’années) et s’installe à Lyon, où il reste jusqu’en juillet 1570. À cette date, il renouvelle son contrat avec l’université de Valence pour quatre ans. Les Valentinois sont prêts à tous les efforts pour le conserver. Cujas écrit ainsi à Pierre Pithou en avril 1570 : « Je suis mieux à Valence, là où l’on en demande un autre avec moi et le prendront tel que je le voudrai. » De fait, c’est Cujas qui choisit les titulaires des chaires vacantes, faisant ainsi recruter le Languedocien François Roaldès en 1571.
L’édit de paix de Saint-Germain (8 août 1570) ayant restauré un semblant de stabilité, les étudiants affluent pour recevoir l’enseignement de Cujas. Parmi ces étudiants, figurent à la fois les fils des familles d’officiers du Dauphiné et des jeunes gens venus de l’extérieur, attirés par la renommée du professeur. Tel est le cas de Jacques-Auguste de Thou, fils du premier président du parlement de Paris Christophe de Thou, qui quitte Bourges et Orléans durant l’été 1571 pour suivre les leçons de Cujas à Valence. Il y rejoint l’humaniste Joseph Juste Scaliger, attiré lui aussi par la renommée du jurisconsulte et par la richesse de sa bibliothèque. Cujas ouvre, en effet, sa maison aux étudiants (il en prend certains chez lui comme pensionnaires) et leur donne accès à sa bibliothèque (qui comprend plusieurs centaines de manuscrits et occupe sept pièces). Le professeur se lie avec les robins grenoblois dont il a les fils pour élèves. Au cours de cette période, il tombe gravement malade. Il doit interrompre ses cours, mais dès qu’il se sent en état de reprendre ses leçons, il se fait transporter jusqu’à sa chaire dans une litière à bras.
Cujas jouit d’un grand prestige, qui lui attire non seulement le respect de ses étudiants, mais aussi celui des autorités locales. Cela lui permet d’apaiser certains conflits qui opposent les « écoliers » aux habitants ou aux soldats qui sont logés dans la ville. Il s’interpose ainsi entre les étudiants de l’université et les soldats d’Alphonse d’Ornano, à la suite d’une rixe qui a dégénéré, faisant des morts et des blessés de part et d’autre. L’année suivante, le déclenchement de la quatrième guerre de religion (à la suite du massacre de la Saint-Barthélemy) plonge à nouveau la ville dans la violence. En dépit des ordres stricts adressés par le baron Bertrand de Gordes (lieutenant général du gouverneur du Dauphiné), les protestants sont inquiétés. Cujas intervient alors pour sauver certains de ses collègues ou élèves, dont Ennemond Bonnefoy (professeur de droit civil natif de Chabeuil, qui trouve refuge à Genève).
La cinquième guerre de religion, qui commence en 1574, place la ville dans une situation financière critique. Confronté à des difficultés croissantes pour obtenir le paiement de ses gages, Cujas exprime son désir de partir et fait état des sollicitations qu’il reçoit d’autres universités. La ville contracte alors un emprunt pour le payer et le jurisconsulte accepte finalement de signer une nouvelle conduite avec les Valentinois (22 mars 1574). En 1575, il est nommé, avec l’évêque Jean de Monluc, commissaire pour la vérification des dépenses engagées en Dauphiné pour les luttes armées. Cependant, la même année, un nouveau différend financier le conduit à quitter Valence. Il peine, en effet, à obtenir le remboursement d’un prêt de 500 livres qu’il a consenti à la ville. Le célèbre professeur quitte une nouvelle fois le Dauphiné pour le Berry au début du mois de juin 1575. Malgré ce départ, il conserve l’office de conseiller au parlement de Dauphiné dont il a été investi deux ans plus tôt.
III. La réception de Cujas au parlement de Grenoble (1573)
Alors qu’il est revenu à Valence depuis six ans, Cujas obtient des lettres de provision pour un office de conseiller honoraire à la cour de parlement de Dauphiné datées du 15 mai 1573. L’ancien conseil delphinal, érigé en parlement en 1453, siège à Grenoble. Il a compté dans ses rangs de grands jurisconsultes, tels Guy Pape († 1477) ou François Marc. Certains professeurs de l’université de Valence en ont également été membres (tels Philippe Décius ou Méraud Morel). Le statut conféré à Cujas lui donne voix délibérative, mais il est accompagné d’une dispense de siéger ainsi que d’une absence de gages, ce qui ne peut satisfaire pleinement le jurisconsulte toulousain. En effet, Cujas explique dans une lettre avoir sollicité une charge de judicature afin d’assurer la situation de son fils (alors âgé d’une douzaine d’années). Un office de conseiller honoraire ne peut remplir un tel objet. Cujas en poursuit néanmoins l’entérinement devant le parlement de Grenoble. Il remonte donc la vallée de l’Isère pour se rendre dans la capitale du Dauphiné. À Grenoble, il est hébergé chez Jean Vachon, conseiller au parlement, dont le fils est à la fois son élève et son pensionnaire.
La requête de Cujas est transmise au procureur général du roi, puis au procureur des États de Dauphiné, afin qu’ils présentent leurs conclusions à la cour. Si l’avocat général François Ruzé s’oppose à la création d’un nouvel office, même honoraire, Claude Chapuis, procureur des États, n’émet aucune opposition à l’entérinement des lettres de provision de Cujas, « eu égard à la doctrine et vertu rare d’icelui, connue non seulement en ce dit pays, mais en tout le royaume de France, parce que ce sera le meilleur moyen de le retenir en ce pays et à mieux à ce l’inciter, étant honoré d’un office en la cour de céans ». Sans s’arrêter à l’opposition formée par l’avocat général, la cour de parlement procède à la vérification des lettres de provision le 24 juillet 1573 et ordonne que Cujas soit aussitôt mis en possession de son office. En l’absence du premier président, Jean Truchon, la séance est présidée par Guillaume de Portes, second président au parlement, qui prononce l’éloge du jurisconsulte. Après avoir prêté serment, Cujas est mis en possession de son office par son ami, le conseiller Jean Vachon, ainsi que par François Ferrier, auditeur à la chambre des comptes, qui le font asseoir sur un siège dans la salle d’audience, puis dans une chaire de la chambre du conseil.
Les certificats et témoignages produits à l’occasion de sa procédure de réception au parlement de Grenoble montrent bien l’ampleur des soutiens que Cujas s’est acquis en Dauphiné. En effet, le professeur présente des certificats attestant qu’il est de bonnes mœurs et de bonne religion. En dépit des sympathies qu’il a manifestées à plusieurs reprises à l’égard des protestants, Cujas est resté formellement attaché à la foi catholique romaine. L’université de Valence, le vicaire épiscopal, le chapitre cathédral, le prieur des dominicains et les consuls valentinois rédigent ainsi des attestations précisant que Jacques Cujas, qui assiste régulièrement aux offices divins et reçoit les sacrements, « vit selon les mœurs et coutumes de notre Église romaine, catholique et apostolique ». Les autorités municipales ajoutent qu’il a prêté le serment requis par le roi en 1568, de vivre et mourir dans la religion catholique. Dans le cadre de l’enquête super vita et moribus ordonnée par le parlement, les cinq témoins qui déposent en faveur de Cujas sont trois avocats consistoriaux (Jean-Antoine de Lescure, Antoine Chapuis et Henri Ferrand), le trésorier-receveur général de la province (Arthus Prunier de Saint-André père) et un auditeur à la chambre des comptes (Charles de la Colombière). Tous proclament les qualités exceptionnelles du jurisconsulte toulousain, qui occupe « le premier lieu des docteurs et interprètes du droit ». L’avocat général demande la récusation de tous les magistrats qui ont suivi l’enseignement de Cujas ou dont les fils suivent ses leçons à Valence, mais sa tentative échoue face à la faveur générale dont jouit le professeur au sein de la compagnie grenobloise.
Après avoir été investi de son office, Cujas ne reste pas à Grenoble. Sa charge étant simplement honoraire, il est dispensé de résidence afin qu’il puisse poursuivre ses activités « d’éclaircissement des droits et d’institution de la jeunesse ». Nicolas Chorier observe ainsi que le docteur toulousain « ne fut pas d’un grand service dans cette charge. Il était plus propre à expliquer les lois qu’à les appliquer. » Cependant, l’absence de rémunération impliquée par le caractère honoraire de son office ne peut satisfaire Cujas. Ce dernier poursuit donc la transformation de son office honoraire en office ordinaire. C’est chose faite en septembre 1574, à l’occasion du passage à Lyon du nouveau roi, Henri III. Cujas obtient 375 livres de gages, en attendant d’être pourvu du premier office ordinaire qui se libérera. Il est ainsi pourvu d’un office de conseiller ordinaire (vacant par décès) en novembre 1574. Le procureur général ne forme pas d’opposition à sa réception, « tant que ledit Cujas continuera ses actions d’instruire en la jurisprudence la jeunesse audit pays de Dauphiné, ou qu’il remplira l’exercice dudit état de sa personne ou de celle d’un sien fils ». En janvier 1575, Cujas sollicite du roi une dispense de résidence, qui lui est accordée. Quittant Valence et le Dauphiné quelques mois plus tard, il conserve son office, mais le décès de son fils, en 1581, le conduit à vendre sa charge. Il résigne donc son office en faveur d’Antoine de Dorne, petit-fils du professeur de droit qui a fait construire l’hôtel particulier connu sous le nom de « Maison des têtes » (en raison des nombreux bustes et médaillons qui en ornent la façade et les galeries). Bien que Cujas n’ait fait à Grenoble qu’un passage aussi glorieux qu’éphémère, le chef-lieu de l’Isère entretient le souvenir du jurisconsulte en ayant donné son nom à une rue longeant le palais de l’ancien parlement où il fut reçu conseiller. À Valence, la rue éponyme se trouve bien éloignée des anciens remparts à l’abri desquels vécut et enseigna Cujas. Pour marcher sur ses traces, il faut arpenter les rues de la vieille ville, au pied de la cathédrale Saint-Apollinaire, traverser la place des Clercs en direction de l’emplacement de l’ancienne université, dont le bâtiment a été détruit au début du xxe siècle. C’est là que l’enseignement du droit a connu une renaissance timide au début des années 1970, dans le quartier où les « écoliers » suivaient les leçons du maître toulousain. La faculté libre de droit de Valence a connu ensuite une remarquable croissance, avant de rejoindre le giron de l’université de Grenoble. Le nom de Cujas y est encore honoré par l’association des anciens étudiants (association Cujas), ainsi que par la dénomination donnée à l’un des trois amphithéâtres du site universitaire de l’avenue de Romans.
Martial Mathieu, professeur à la faculté de droit de Grenoble, université Grenoble Alpes.
Indications bibliographiques
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Masimbert Adolphe-Bonnet, Cujas à Valence (1557-1559.-1567-1575.) : lecture faite à la séance de rentrée de la conférence des avocats stagiaires le 9 décembre 1881. Valence : F. Allier père et fils, 1882.
Mathieu Martial, « Le professeur et les magistrats : la réception de Cujas au parlement de Dauphiné », dans Revue d’histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, no 22, 2002, p. 7‑32.
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Richard Hugues, « Un témoignage sur le professorat de Jacques Cujas à l’université de Valence (1568) », dans Revue drômoise. Archéologie, histoire, géographie, vol. 94, no 504, 2002, p. 234‑239.